Analyse - Photo de Dariusz Klimczak
Vous avez sans doute déjà croisé les chemins de Dariusz Klimczak, artiste photographe polonais :
soit aux détours de son profil facebook,
soit sur sa nouvelle page facebook,
soit sur son site photo,
soit pendant votre sommeil lorsque vous vous mettiez à rêver à des mondes fantastiques, surréalistes et poétiques.
C'est ce que fait Dariusz Klimczak : il met en images nos rêves les plus fous et, en sens inverse, il alimente nos rêves éveillés.
J'ai choisi cette photo-montage un peu au hasard (pic et pic et colégram dans le travail foisonnant du photographe).
1 - Technicité :
Photo format carré d'une maison dans un arbre légèrement décentrée sur la gauche de l'image. La maison-cabane semble elle-même être inscrite dans un carré.
La ligne d'horizon est très basse. Il n'y a pas véritablement de point de fuite si ce n'est le point de convergence des deux sillons plus marqués qui constituent une sorte de chemin que l'on pourrait emprunter. Chemin qui nous ferait passer à côté de l'échelle : nous ne sommes donc pas invités à entrer dans la demeure, devons-nous passer notre chemin ?
La maison-cabane présentée de face semble ne pas avoir de profondeur, tout juste un ombrage plus marqué sur le côté gauche contredit ce manque de volume.
Deux éléments relient la maison au sol : le tronc de l'arbre et une échelle qui conduit à la porte. Ces éléments font partie du système de verticales de la photo avec les montants des portes et fenêtres, la cheminée et le personnage.
L'ensemble de verticales et d'horizontales fige la photo : l'ambiance est calme et serein.
Quelques traînes de nuages amènent un peu de mouvement (léger).
Le personnage trace une ligne de la droite de la photo à l'échelle. Cette ligne fictive coupe les tracés de sillons du champ.
Deux dominantes couleurs : le vert le gris-bleuté.
Une pointe de couleur rouge attire l'œil sur le personnage. Unique fantaisie.
2 - Interprétation :
Une personne revient chez elle après être allée faire ses courses... où ? (au village, dans une ferme,..., il y a donc un monde hors-champ). Mais est-ce vraiment des courses ? Les sacs ont l'air bien minces. peut-être est-ce le retour d'un ou d'une employée de bureau ? La personne se tient bien droite, elle ne semble pas être fatiguée, elle se rend résolument vers la maison; "sa" maison. On la voit déjà grimper à l'échelle, pousser la porte, entrer et... ? Que fera-t-elle ? Va-t-elle remonter l'échelle ou la laisser pour l'arrivée d'une autre personne, d'enfants ou d'un visiteur ? L'échelle pose problème : elle s'arrête juste à hauteur du bas de la porte, il faut donc grimper jusqu'au dernier barreau pour entrer : situation dangereuse. De plus, cette échelle est bien frêle ! La porte est entrouverte. le ou la propriétaire ne semble pas inquiet(ète) de voir un étranger pénétrer la demeure en son absence. La maison est assez spacieuse si l'on en juge par le nombre de fenêtres, l'étage. Elle peut recevoir une famille. Qu'en serait-il alors de la stabilité de l'édifice ?
La construction est respectueuse de l'environnement : à qui appartient le champ ? Son propriétaire peut continuer à l'exploiter même en passant à proximité de l'arbre.
Il y a une cheminée : s'y chaufferait-on... au bois ? D'où vient l'eau ? Y a-t-il de l'électricité ?... Autant de questions qui resteront sans réponse. Car, en réalité, cette image ne nous renvoie pas une réalité, elle s'adresse plus à notre rêve d'enfant : habiter dans un arbre ! Se sentir isolé du reste du monde. Préserver une solitude qui dépasse la solitude sociale : une sorte de repaire de nos émotions, un refuge ascétique.
Beau travail.
avril 2015
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