Analyse - Photo de Chema Madoz
Chema Madoz
1 - Technicité :
Une femme photographiée en plan américain sans tête occupe tout le cadre de l'image.
L'image, format portrait, construite sur la ligne médiane, respecte une symétrie presque parfaite.
La photographie traitée en noir et blanc utilise une palette contrastée du blanc presque pur au noir profond. Entre deux, des gris moyens clairs aux moyens sombres.
Il s'agit d'une image statique assise sur un jeu de lignes discrètes : un V renversé qui passe par les bras et se termine hors champ, deux autres V inversés formés par les mains aux doigts écartés qui stabilisent la pose, le V inversé des hanches. Pour contrebalancer cet ensemble, le V du verre de vin.
Enfin l'image est "posée" sur une ensemble de lignes horizontales visibles ou suggérées : l'horizontale de la table qui soutient le tout, l'horizontale du vin, l'horizontale passant par la taille du modèle, l'horizontale reliant les épaules.
La lumière est également répartie, placée de telle sorte qu'aucun reflet ne vienne heurter le verre. le haut du verre disparaît, le volume du pied est souligné par quelques bords noirs. Tout ceci indique une parfaite maîtrise du plan d'éclairage qui peut sembler simple mais qui nécessite une mise en place soignée.
2 - Interprétation :
C'est bien entendu sur le verre de vin que se porte immédiatement notre attention. Verre-sexe. Tout est fait pour nous inviter à boire à cette coupe ou plutôt à ces deux coupes. Tel un œnologue, tous nos sens seront sollicités : aller à la découverte d'un vin, c'est associer les couleurs, les parfums, le goût et les plaisirs que ces associations suscitent. Telle sera notre découverte sexuelle. Une affaire d'esthète.
La femme (?) nous invite à partir à ces découvertes, en gestes simples, en suggestions évidentes. Aucune peur, aucun excès. Le choix de la robe elle-même conduit à cet essentiel : une robe blanche (pureté du corps ? Pureté des intentions ?) sans décolleté, sans transparence.
Le fond noir ne nous permet pas de dire où se passe la scène. la table suggère un autel. S'agirait-il d'une messe érotique : ceci est mon corps, ceci est mon sang ?
Chema Madoz, photographe minimaliste, use et abuse des ellipses, du symbolisme, des métaphores... Un énorme travail de réflexion sur la force du signe. Un très beau travail à découvrir.
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