Analyse - photo d'Alec Dawson

par Artsmette  -  #analyse, #critique photo

Analyse - photo d'Alec Dawson
1/ technicité : Le photographe entre dans une chambre-bureau. Il est debout et prend la photo en plongée, les verticales disparaissent si ce n'est celles des bords de l'écran qui se situe à niveau de l'objectif. Une lumière de plafonnier illumine la scène de nuit. L'écran diffuse lui aussi un peu de lumière. Les barres du dossier de la chaise fuient vers l'écran, conducteurs de regard. Essayer de tracer des lignes semble peine perdue, il s'agirait d'un enchevêtrement qui ne ferait que confirmer l'éparpillement des objets. On ne peut donc travailler que par zones et axes. Et encore ! Seule la scène du troisième quart nous happe. Il y a tout de même un V inversé qui part du bord de la photo au croisement avec ouverture de la porte, puis passe par le milieu de l'écran et revient au personnage en glissant sur le montant du dossier à droite. dans ce V inversé tout est dit. Niveau couleurs : quelques taches rouges, des ocres et beiges, et des gris plutôt neutres pour les signifiants les plus chargés de sens.
2/ Interprétation :
Dans certains articles, Alec Dawson nous explique que son travail révèle "des drames émotionnels internes qui se révèlent souvent dans des moments paisibles de solitude que les gens expérimentent chez eux".
Dans cette image, on peut facilement imaginer à quel "moment de paisible solitude" s'est adonné le personnage, quoique paisible n'est pas forcément le terme approprié, l'état de la chaise laisse à penser que l'instant précédent fut particulièrement mouvementé. Ce qui nous trouble dans cette image, c'est l'abondance de matériels photographiques (appareils, produits) et d'ouvrages ayant trait à cet art, ainsi que la photographie apparente dans l'album ouvert en bas de l'image. On s'attendait à des choix autres à l'écran. Seul un coffret en bas à droite "nude" constitue un rappel aux images de l'écran. ce coffret n'étonne pas : quel est le photographe qui n'abrite pas sur ses étagères des livres de photos mélangeant paysages, natures mortes, nus, portraits, animaux...
Ce qui fait la force de ce "moment de solitude" c'est bien entendu l'activité de l'onanisme supposé pratiquée par le personnage, épuisé. Est-ce un signe d'incapacité à affronter de vraies relations sexuelles et une explication de son refuge dans une photographie de paysage (v. album ouvert) ? Rien ne permet de l'affirmer. Peut-être un simple moment récréatif...
toujours est-il que nous, spectateur, nous trouvons dans la peau d'un père, d'une mère ayant poussé la porte trop tôt, intrusion intempestive. C'est à la fois gênant et en même temps révélateurs de réalités qu'on essaie d'oublier assez vite, sauf qu'ici la photo a figé l'instant.
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