Irving Penn - Photo de mode au sac

par Artsmette  -  #analyse, #critique photo, #penn

Irving Penn - Photo de mode au sac

Irving Penn - Photo de mode au sac

Photo de mode au sac à main
Irving Penn
1917-2009
Photographe de mode, portraits, natures mortes...

 

1 – Technicité :
Je pourrais presque reprendre en grande partie ce que j'avais écrit sur la photo de Chema Madoz.
Une femme photographiée entre le plan taille et le plan américain.
Image construite sur une ligne médiane forte.
Photographie en noir et blanc qui utilise une palette contrastée du blanc presque pur au noir profond avec, entre deux, des gris moyens clairs et des gris moyens sombres.
Il s'agit d'une fausse image statique : c'est par la pose que le photographe crée le mouvement.
Notre regard voyage du point le plus haut (chapeau) au point le plus bas supposé (l'intérieur du sac).
La construction générale s'inscrit dans un triangle et deux ellipses qui se répondent.
Il y a pratiquement une part égale de tons clairs et de tons sombres.
Il n'y a pas de véritable point lumineux marqué mis à part le reflet dans le sac.
On retrouve ici ce qu'écrivait Alexander Liberman, en préface du livre « En passant – Irving Penn » : « L'une des premières préoccupations de Penn fut d'inventer « sa » lumière. Ce fut le point capital, l'élément clé qui lui permit d'exprimer sa vision personnelle et de dissocier de l'univers factice, mais alors de rigueur, de la photographie de mode... C'est ainsi que Penn inventa ses tentes lumineuses qui conféraient aux objets et, plus tard, aux modèles, une impression d'éternité ».
2 – Interprétation :
Il s'agit d'une photo de mode qui devait intégrer le magazine « Vogue ». Ce n'est pas cette photo qui fit la couverture du magazine. En tant que « photo de mode », il faut à la fois s'appuyer sur des codes mais aussi savoir les casser, on s'attend à voir le visage féminin maquillé, souriant, tendre, avenant... Or, ici, la femme est suggérée, seul le bas de son visage apparaît. Et, là encore, deuxième surprise, le regard de cette femme qui cherche quelque chose dans son sac (geste purement féminin) ne se perd pas dans le sac. Ce modèle pose tout au service de ce qui est important dans l'image : vêtements, accessoires, sac.
La « mise en scène » de l'ensemble des éléments de mode est savamment travaillée. Elle tient compte non seulement des contrastes mais aussi des équilibres, des mouvements : qu'il s'agisse des arrondis, des pointes, des courbes. Nous sommes pris dans un tourbillon.
Si on laissait tomber une goutte d'eau au sommet du chapeau, on pourrait dessiner son parcours jusqu'au fond du sac. La fin de ce tourbillon est souligné par le seul reflet de l'image, celui qui indique la matière du sac.
En regardant cette image, on participe à la recherche de cette femme (que va-t-elle sortir du sac ?), mais dans le même temps, comme elle, on sait que cette recherche n'est pas le plus important, ce que nous voyons d'abord c'est une recherche savante de l'élégance.
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